“Ça n’a jamais été aussi calme depuis si longtemps”, soupira Noccimoc, le gentil géant. “Cela fait une éternité que nous n’avons pas vu d’humains par ici. Où pensez-vous qu’ils soient tous partis ?” Son regard était fixé sur les confins de la clairière, scrutant constamment le feuillage environnant à la recherche de mouvements.
“Qui sait”, répondit Fanrir le Faune, allongé sur son énorme crapaud, en mordant dans sa paille. “Peut-être que les humains se sont lassés de participer à des fêtes amusantes dans notre lieu secret, ou qu’ils n’ont plus d’attirance pour l’objet de leurs passions. Ils sont peut-être partis loin d’ici.” Fanrir jouait avec une luciole, qui naviguait lentement de pattes en griffes. Quand il s’ennuyait, Fanrir mettait son chapeau de paille sur son visage pour se protéger de l’agréable soleil de la clairière.
“Les humains me manquent”, dit le géant d’un air maussade. “Ils étaient les meilleurs quand il s’agissait d’amener de la joie et des rires.” “Oui, moi aussi”, répondit Fanrir. “Je veux dire, bien sûr, nous avons encore beaucoup d’invités de l’espace, de dragons, de héros et d’autres espèces fantastiques dans la forêt de FACTS, mais rien ne vaut leur magie humaine brevetée.” Il se leva, jeta une pierre dans les buissons et donna un coup de pied dans une brindille avec un soupir de défaite. Alarmée, la luciole s’envola vers la couronne de l’arbre. Ce dernier se mit soudain à parler d’une voix qui emplit la prairie et fit bruisser toutes les feuilles dans un rayon de trois kilomètres.
"Une grande obscurité a englouti l'humanité."
Le duo sursauta lorsque Faestvil émergea lentement de l’arbre juste au-dessus d’eux, allant et venant sur une liane, joyeusement, comme sur un terrain de jeu. Faestvil est une elfe des bois et la sorcière de la forêt de FACTS. Elle parlait toujours comme si tout ce qu’elle disait faisait partie d’une puissante formule magique et pourtant, ses mots demeuraient apaisants.
“Ils sont piégés et éprouvent des difficultés à voir et à exprimer leurs étincelles de lumière, à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais n’ayez crainte. Ce n’est pas la première épreuve de l’humanité, loin s’en faut. Ils sont résilients, comme un bois d’arbres centenaires. Comme ces arbres, ils forment un seul organisme qui partage un même système racinaire unique, et il faut parfois une maladie commune pour leur rappeler leur lien. Ils luttent et ils deviendront plus forts. Et ils reviendront.”
Le pelage de Noccimoc a frissonné. Quelques glands, baies et folioles tombèrent de sa fourrure sur le sol herbeux. Le gentil géant ne se souciait pas des maladies ou des conflits ; Fanrir non plus. Le Faune leva les yeux vers la sorcière et fronça les sourcils avec conviction. “Que pouvons-nous faire pour les aider ?”
“Préparez-vous”, dit Faestvil. “Je chuchoterai aux chênes de remodeler la forêt, rouvrir les portes et activer les lumières de mes feux follets. Leurs flammes étourdissantes guideront l’humanité jusqu’à nous. Doux géant, je te confie la tâche de rassembler les Gardiens de FACTS et de les conduire à la clairière une fois de plus. Va chercher les sirènes, les dragons, et même les créatures métalliques qui sont tombées du ciel. Quant à vous, fidèle Faune, auriez-vous l’amabilité d’agiter votre bâton et de jouer de la flûte afin que chaque chose soit à sa place ? Nous devons redonner à cet endroit sa gloire d’antan.”
Le deux êtres, enthousiastes, se regardèrent, sourirent et disparurent dans l’épaisse verdure de la forêt de FACTS, chacun se dirigea dans sa propre direction. D’un petit geste, l’enchanteresse demanda aux lianes de la soulever jusqu’au-dessus du feuillage de l’Arbre des Origines. L’obscurité visible à l’horizon avait commencé à s’estomper, les rayons de lumière semblaient gagner cette bataille séculaire. Un petit sourire précéda ses paroles prophétiques.
“Les citoyens de la nation FACTS. Vont. Revenir.”
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